La pollution numérique en entreprise

Le réchauffement climatique, les catastrophes naturelles à répétition, ou encore l’épuisement des ressources naturelles constituent autant de défis majeurs nécessitant une réponse collective et urgente. Les particuliers, comme les entreprises, sont invités à se mobiliser en agissant de manière intelligente et concertée. De nouvelles notions, telles que la RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) et le green IT, ou informatique durable, illustrent la prise de conscience du monde entrepreneurial face aux enjeux écologiques actuels. En conformité avec les prescriptions de l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie), de plus en plus d’entreprises s’évertuent à mettre en place un système de croissance et de fonctionnement durable. De la gestion des équipements usagés à la réduction de l’empreinte carbone, les domaines d’action concernés sont aussi nombreux que variés. Aborder la question de la pollution numérique permet également d’apporter un élément de réponse à la problématique suivante : RSE et green IT : les enjeux du numérique responsable.

La pollution numérique : de quoi s’agit-il ?

La notion de pollution numérique est au cœur des enjeux du green IT. Elle désigne l’ensemble des pollutions générées par les équipements et les activités liés au secteur informatique. Bien que devenues incontournables au quotidien, les nouvelles technologies ont un impact néfaste sur l’environnement. La pollution dite numérique implique plusieurs éléments. Elle est générée, d’une part, par la fabrication des smartphones, des ordinateurs et autres objets connectés dont le nombre atteint aujourd’hui plus de 34 milliards. Elle découle, d’autre part, du recours massif à Internet. Dès qu’un utilisateur se connecte sur la toile pour envoyer un e-mail ou regarder une vidéo, le besoin en énergie est conséquent. Plusieurs chiffres attestent des impacts délétères de l’activité numérique sur l’environnement. En voici quelques-uns parmi les plus révélateurs :

  • La pollution numérique représente environ 4 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde.
  • La production de gaz à effet de serre due à l’utilisation d’Internet est 1,5 fois supérieure à celle engendrée par le trafic aérien.
  • La fabrication d’un téléviseur génère pas moins de 350 kg d’émissions de CO2.
  • En 2019, l’activité numérique a consommé environ 15 % de l’électricité au niveau mondial.

Quels sont les principaux facteurs à l’origine de la pollution numérique en entreprise ?

Pour expliquer la pollution engendrée par l’activité numérique en entreprise, plusieurs facteurs peuvent être invoqués, parmi lesquels :

  • La fabrication des appareils électroniques : sollicités par les particuliers comme les professionnels, les objets connectés sont des outils complexes dont la fabrication nécessite bon nombre de matériaux différents. Or, l’extraction, la transformation, mais aussi le transport de ces derniers ont des effets dévastateurs au niveau écologique. En outre, le risque d’épuisement des ressources naturelles est également amplifié. Pour illustrer nos propos, retenons cet exemple fourni par l’ADEME : la fabrication d’un seul ordinateur de 2 kg nécessite pas moins de 600 kg de matières premières.
  • Les data centers : l’hébergement et le stockage des données des entreprises au sein des data centers s’avère particulièrement énergivore. Ces derniers représentent à eux seuls 1 % de la consommation mondiale en électricité.
  • La gestion des déchets électroniques : D’après un rapport de l’ONU, 75 % des équipements électroniques usagés ne sont pas recyclés. De nombreux appareils obsolètes sont exportés de manière illégale dans des décharges à ciel ouvert en Afrique, en Inde ou en Chine.
  • Le fonctionnement du réseau Internet : loin d’être immatériel, le réseau Internet s’appuie sur une pléthore d’équipements différents pour fonctionner. La fabrication, mais aussi l’alimentation en énergie des serveurs et des technologies web, a des répercussions fortes sur l’environnement.
  • Les évolutions sociétales et technologiques : dans un contexte sanitaire tendu lié à l’épidémie de Covid-19, le recours au télétravail a été généralisé dans plusieurs entreprises. Or, la multiplication des échanges numériques via les mails et vidéoconférences est gourmande en énergie.

Comment réduire la pollution numérique des entreprises ?

Combattre la pollution numérique dans l’univers entrepreneurial passe par une modification sensible des usages. Pour des raisons économiques et éthiques, de plus en plus de sociétés s’engagent en faveur de la sobriété numérique. Cela passe notamment par l’institution d’une politique RSE et la volonté d’obtenir le label ENR (Entreprise Numérique Responsable). Parmi les bonnes pratiques pour réduire la pollution numérique en entreprise, citons notamment :

  • La sensibilisation des acteurs de l’entreprise aux bons usages des outils numériques : d’après une étude de l’Observatoire du Numérique BVA/Digital Society Forum réalisée en 2019, moins de 30 % des Français sont conscients de la pollution engendrée par l’usage des appareils numériques. Afin de clarifier les choses, une pédagogie efficace est de mise. Des exemples bien choisis auront un impact fort sur les acteurs de l’entreprise. Ainsi, envoyer 20 mails par jour dégage autant de CO2 que parcourir 1000 km en automobile.
  • Lutter contre l’obsolescence programmée : la réduction de la pollution numérique passe par l’allongement de la durée de vie des appareils. Pour les sociétés, il est intéressant économiquement et écologiquement d’acheter des équipements d’occasion ou de faire réparer ses ordinateurs.
  • L’adoption de réflexes écologiques : lorsque l’on travaille en entreprise, des gestes simples permettent de diminuer son impact environnemental. Pensez, par exemple, à limiter le nombre de destinataires lorsque vous envoyez un mail. Limiter les vidéos en haute résolution et éteindre sa box lorsqu’elle est inutilisée constituent autant de bonnes habitudes à prendre.