
La pénurie de composants, couplée à l’inflation galopante, met un peu plus chaque jour le marché IT sous tension. Le marché européen n’échappe pas à ce constat, d’autant qu’il ne fonctionne qu’à sens unique : celui de l’importation, aggravant par là même les conséquences de l’inflation et de la chute de l’euro sur son équilibre. Voici quelques éclairages sur les défis à venir pour les directions informatiques dans ce contexte incertain.
Chute de l’euro : des importations plus chères et une zone moins attractive
Au mois de juillet 2022, pour la première fois depuis vingt ans, la parité euro dollar a été atteinte. En effet, l’euro a chuté brutalement, perdant 13,2% en un an et atteignant la parité avec le dollar, ce qui n’était pas arrivé depuis la mise en circulation de la monnaie européenne en 2002.
Liée à divers facteurs conjoncturels (hausse des taux d’intérêt par la FED aux États-Unis, inflation énergétique liée à la guerre en Ukraine, pénurie de composants qui restent la conséquence du ralentissement des économies pendant la crise sanitaire), la baisse de l’euro face au dollar a des impacts immédiats pour les entreprises situées sur le territoire de la zone euro : avec une devise considérablement affaiblie pour régler les factures d’achat d’énergie et de matière première en dollars, le coût de production des biens et des services devrait considérablement augmenter.
Cette inflation importée rend la zone euro moins attractive : effrayés par le risque d’une récession, les investisseurs étrangers vont potentiellement décaler dans le temps leurs projets, voire les ajourner pour de bon, y compris en ce qui concerne les investissements technologiques. Moins attractive, la France aura plus de mal à retrouver le chemin de la croissance sur le long terme, entrant ainsi dans une sorte de cercle vicieux.
Comment limiter l’impact de la chute de l’euro pour les entreprises européennes ?
La hausse des prix impacte le pouvoir d’achat des ménages comme les bénéfices des entreprises, mais ces dernières peuvent limiter les conséquences de la chute de l’euro sur leurs résultats. En effet, si l’inflation entame le bénéfice des entreprises européennes – et notamment celles du marché IT, largement importatrices et pour lesquelles la fourniture des intrants de matériel informatique connaît une tension quasiment constante depuis la crise sanitaire – l’adoption d’une stratégie de couverture de change en attendant une réaction de la Banque Centrale européenne permet de limiter l’impact de la chute de l’euro sur les marges.
Face aux fluctuations du taux de change, s’assurer une moindre variabilité des taux est une alternative optimale, que l’ensemble des directions financières des entreprises du marché IT européen devrait adopter. Il s’agit pour cela de garantir le taux de change qui s’appliquera dans une période de court ou moyen terme (en quelque sorte, vous « verrouillez » le taux de change), grâce à divers instruments. Le choix de l’instrument de couverture va dépendre de votre activité et de vos besoins :
- L’option de change permet de se prémunir d’une variation à la baisse d’une devise moyennant le paiement d’une prime à un organisme bancaire. Il est intéressant de noter par ailleurs que toute variation positive de la devise va permettre de potentiels gains pour l’entreprise.
- Le change à terme avec intéressement (CTI) a l’avantage de ne pas nécessiter le paiement d’une prime tout en garantissant à l’entreprise un cours maximum d’achat ou un cours minimum de vente des devises et cela grâce au mécanisme du cours garanti.
- Le tunnel de change quant à lui permet, sans le versement d’une prime, de garantir à l’entreprise un cours d’achat maximum ou un cours de vente minimum des devises, en ayant la possibilité de bénéficier par ailleurs de toute potentielle évolution favorable jusqu’à un cours limite déterminé en amont.
Il s’agit ici des options « financières » les plus à même de limiter l’impact des pénuries et de l’inflation galopante sur les entreprises européennes du marché IT dont le budget informatique risque d’exploser. Il existe d’autres options permettant de limiter les conséquences de la chute de l’euro pour les entreprises européennes.
Quelles conséquences et quelles mesures peuvent être mises en place ?
La hausse des prix généralisée – et particulièrement en ce qui concerne le matériel informatique, conduisant à la hausse globale des dépenses informatiques – a un impact fort sur les marges bénéficiaires des entreprises, notamment en Europe, l’euro ayant atteint la parité avec le dollar pour la première fois depuis vingt ans. Comme l’expliquait déjà en 2015 le cabinet d’études Gartner « Chaque produit ou service qui renferme un composant en dollar doit couvrir ses coûts, en tenant compte du taux de change moins élevé ».
Pour pallier cette inflation, plusieurs solutions s’offrent aux entreprises européennes du marché IT. Nous avons déjà évoqué celle de la couverture du taux de change, mais sachez que le cloud computing est une option : cette technologie consiste à utiliser pour ses propres besoins des serveurs informatiques qui sont localisés à l’extérieur des locaux de l’entreprise, souvent très loin, pour héberger les données.
Enfin, dernière solution qui s’offre aux entreprises : négocier les contrats avec les fournisseurs en fixant en amont un taux limite de change ou un prix maximum en euro, au-delà duquel vous ne pourrez pas honorer le contrat.
La parité euro-dollar s’annonce donc douloureuse pour les entreprises européennes du marché IT, fortement importatrices. Il ne s’agit pourtant pas d’une fatalité et plusieurs solutions peuvent être mises en place pour limiter les conséquences de l’inflation et des pénuries de composants sur les budgets informatiques, en attendant un retour à un cours plus favorable.
