parité euro-dollar

Le 12 juillet 2022, l’euro atteignait, pour la première fois de son histoire, la parité avec le dollar. Quels sont les phénomènes pouvant expliquer une telle faiblesse de la monnaie européenne ? Quels sont les impacts de la pénurie des composants et, plus largement, du contexte politico-économique ? Quelles sont les conséquences directes d’une telle situation ?

Comment expliquer l’actuelle faiblesse de l’euro

Cette position de faiblesse de l’euro ne date pas à proprement parler des derniers mois. Elle remonte plus exactement à 2008, année de la crise financière qui a durement frappé la zone euro, créant ainsi un début de récession en Europe. Pour rétablir la situation et retrouver de la stabilité, la banque centrale européenne ou BCE a pris des décisions importantes.

Plusieurs paramètres participent à la baisse actuelle de l’euro. Parmi les plus impactantes, on retrouve notamment :

  • la sortie de la crise sanitaire liée au Covid-19 ;
  • le déclenchement des opérations militaires en Ukraine ;
  • les difficultés d’approvisionnement en énergies diverses ;
  • l’inflation ;
  • des taux défavorables pour l’euro ;
  • la réputation des mouvements libellés en dollar, cette monnaie étant toujours considérée comme une valeur refuge.

Les facteurs conjoncturels et géopolitiques sont certes majoritaires, mais il serait terriblement dangereux de sous-estimer l’importance des décisions monétaires. Ainsi, la Banque Centrale des États-Unis (la FED) s’est montrée beaucoup plus réactive dans la prise de décisions pour contrecarrer les effets de l’inflation que son homologue européenne. Dès mai 2022, la première a initié la hausse des taux directeurs principaux. Il a fallu patienter jusqu’en juillet pour que la même stratégie soit appliquée dans la zone euro.

L’euro sous l’effet de la situation économique et de la politique monétaire

Les taux de change évoluent en fonction du contexte économique. Ils sont notamment sous l’influence de la croissance, de la situation du marché de l’emploi, de l’inflation ou encore de la balance commerciale et du commerce extérieur. Les monnaies américaines et européennes doivent de plus faire face à des facteurs macroéconomiques et géopolitiques communs.

Les économies européennes et américaines ont été fortement pénalisées au sortir de la crise Covid. Il devenait en effet délicat de s’approvisionner, notamment en raison de la politique sanitaire en vigueur en Chine. Le commercial mondial devrait mettre encore plusieurs mois pour retrouver son dynamisme passé. Une mauvaise nouvelle en chassant une autre, la guerre en Ukraine a entraîné des tensions géopolitiques qui se sont traduites par une inflation élevée et par une explosion des coûts de l’énergie.

Que signifie la parité euro-dollar ?

L’euro a été mis en circulation en 1999. Après plus de 20 ans d’existence de la monnaie européenne, c’est la première fois que l’on constate une parité euro-dollar. Mais que cela signifie-t-il concrètement ?

En 2008, année de la crise financière, un euro permettait d’acquérir 1,60 dollar. Aujourd’hui, pour le même montant en euro, seul un dollar vous sera attribué. Dans une telle situation, on parle donc de parité. Si l’euro se déprécie, cela signifie donc que le dollar se renforce. Or, de nombreuses marchandises, à commencer par le pétrole, sont payées en monnaie US. 

Par conséquent, pour acquérir une même quantité de carburant, les États européens dépenseront davantage qu’il y a quelques mois encore. Un euro faible va également impacter négativement le pouvoir d’achat des touristes voyageant vers les USA. Inversement, les touristes américains seront plus fortement tentés de se rendre en Europe, vu le contexte monétaire actuel.

Une baisse de l’euro qui accélère l’inflation

L’une des plus évidentes conséquences de la chute de l’euro comparativement au dollar reste l’inflation. Ce phénomène s’explique de manière assez simple. Si la perte de valeur de l’euro dope la compétitivité des activités commercialisées vers la zone dollar, elle alourdit le montant des importations en provenance de la même zone. Ces deux conséquences de la dépréciation sont liées. En fonction de la situation, l’une l’emporte toujours sur l’autre.

La période actuelle reste durement touchée par une flambée des cours de l’énergie. Il apparaît donc logique que l’effet négatif de la perte de valeur de l’euro l’emporte. En effet, l’Europe produit peu d’énergie sur son sol. Pour soutenir son économie, elle reste dans l’obligation d’importer. À ce phénomène s’ajoute également le fait que de tels échanges se feront toujours en dollar, contribuant ainsi à renforcer la montée des cours.

D’ailleurs, il serait plus judicieux d’évoquer la force actuelle du dollar plutôt que de se focaliser sur la faiblesse de la monnaie européenne. Si l’on compare cette dernière à d’autres monnaies de référence, on constate une certaine stabilité face à la livre sterling et même une progression en comparaison avec le yen japonais. Pour avoir une vision d’ensemble, il convient également d’ajouter que l’euro se déprécie si on le compare à la monnaie suisse, chinoise ou encore canadienne. La perte de valeur de la monnaie européenne reste tout de même plus modérée ici.

Même si l’euro est une monnaie unique, il semble important de rappeler que tous les pays européens ne seront certainement pas affectés dans les mêmes proportions ni de la même manière. Chaque état membre dispose en effet d’une structure économique qui lui est propre. Les décisions prises récemment par la BCE devraient permettre à l’euro de se renforcer quelque peu, à condition toutefois qu’un nouvel événement ne vienne pas perturber la situation actuelle.