
Les entreprises ont été contraintes d’investir dans des équipements informatiques juste après le début de la crise de la Covid. Elles ont dû placer bon nombre de leurs salariés en télétravail et cette pratique, loin de se démentir, continue à prendre de l’ampleur. Si certains équipements ont été achetés, les besoins des DSI se tournent désormais vers les services, les applications et la sécurité. Malgré cette dématérialisation des produits, les fournisseurs IT doivent faire face à des ruptures bien réelles, induites notamment par une pénurie de composants. Les personnels formés sont également très recherchés et, là encore, une pénurie de compétences est constatée. Les talents avec des connaissances de pointe restent volatiles et en attente de conditions de travail valorisantes. Le salaire n’est plus le seul aspect à considérer pour attirer ou conserver les savoir-faire.
Les technologies toujours aussi essentielles en 2022
Même si la tendance s’oriente vers le software et les services, le hardware représente toujours la plus grande partie des dépenses des DSI. En tête de liste, arrivent les ordinateurs portables, suivis par le matériel on-site, puis les serveurs. Conscients des enjeux, les responsables de la DSI laissent néanmoins la part belle aux investissements à court terme. Le but est de pérenniser l’activité, car les entreprises qui n’investiront pas seront finalement amenées à disparaître sur le long terme.
La crainte de voir les prix s’envoler renaît avec le conflit Ukraine-Russie et la crise des semi-conducteurs. Entre pénurie et inflation, les tendances pour les DSI seront de privilégier les investissements dans les matériels de type datacenter et cloud. À eux deux, ces produits accroissent le segment global des dépenses IT de 6,2 % en 2022. L’effort se porte sur les services, plus que la propriété.
La pénurie de composants qui touche le marché mondial frappe également les constructeurs informatiques, grands consommateurs de semi-conducteurs. Ces petites puces servent notamment à refroidir les machines, en déclenchant automatiquement les ventilateurs. En raison de divers aléas climatiques, sanitaires et géopolitiques, ces puces électroniques manquent au niveau mondial et retardent les livraisons de matériels industriels.
Des investissements informatiques en hausse malgré la crise
Les DSI n’hésitent pas à capitaliser de plus en plus sur les services, mais aussi sur l’humain. Si on parle de pénurie des composants, on peut aussi parler de pénurie de compétences. Garder ou acquérir les talents en entreprise relève d’un véritable défi pour les dirigeants. La crise de la Covid a mis au jour des ambitions nouvelles pour les salariés. Si auparavant, on travaillait pour gagner un salaire, on considère désormais que l’on accorde du temps de vie à un employeur. Cette nouvelle vision du travail change le paradigme qui inverse maintenant le rapport de force. Les postulants sont de plus en plus exigeants quant au salaire, mais surtout quant aux conditions de travail.
Dans l’intérêt de l’entreprise, et afin de satisfaire les clients, les dépenses IT des DSI portent sur l’amélioration de l’onboarding ainsi que la conservation des savoir-faire. Bien évidemment, même si l’inflation sera contenue dans la mesure du possible, elle se répercutera sur les prix des services vendus aux clients finaux.
Un autre point sur lequel investissent les DSI est la cybersécurité. Les dépenses IT vont se concentrer sur la protection des données dans les serveurs et le cloud. Une nouvelle menace provenant de Russie a vu le jour depuis le conflit avec l’Ukraine, et les pays occidentaux peuvent craindre des cyberattaques, en répartie aux sanctions économiques infligées par l’Europe.
Les achats d’équipements informatiques représentent encore la plus grande part des dépenses IT
Lorsque les entreprises ont dû gérer les urgences pendant la crise Covid, elles ont laissé s’accumuler une dette technique. En se concentrant sur la sécurisation des données et des applications dédiées au télétravail, les systèmes de gestion du back-office ont été laissés en sommeil. Seuls les projets de migration vers le cloud ont commencé à émerger. Les entreprises ont accumulé du retard dans le renouvellement de leurs équipements d’infrastructure, s’obligeant à déléguer à des tiers la partie maintenance.
Les dépenses globales IT devraient passer de 4 534 milliards de dollars en 2022 à 4 809 milliards en 2023. Une croissance importante qui s’accorde sur la hausse du chiffre d’affaires. Expliquée en partie par la surconsommation de logiciels et de services informatiques, cette augmentation des dépenses est également en partie due au fait que les DSI ont plus recours à la main-d’œuvre extérieure pour pallier le manque de personnel. Ces prestations externalisées fournissent des compétences de pointe que de nombreuses entreprises ne peuvent s’offrir, mais doivent quand même à leurs clients si elles veulent les garder.
Voici à quoi sont destinées les dépenses IT en Amérique du Nord en 2022 :
- renforcer la protection des données (cybersécurité) ;
- augmenter la pertinence opérationnelle ;
- améliorer l’UX ;
- intégration des process ;
- accélérer la productivité ;
- améliorer la rentabilité ;
- développer de nouveaux produits ;
- accroître les technologies de travail hybrides ;
- respecter les cahiers des charges en matière de conformité.
L’Europe suit à peu près le même schéma, avec une augmentation continue jusqu’en 2026. La cybersécurité s’accaparera la majeure partie des investissements en progressant d’environ 9,4 % par an durant les 4 ans à venir, pour atteindre environ 66 milliards de dollars. Il est à noter que, jusqu’en 2026, c’est la République tchèque qui augmentera le plus son budget consacré à la sécurité informatique, dépassant la France, la Belgique, la Suisse et l’Allemagne.
