conséquences chute de l'euro sur le marché IT européen

Dans un contexte inflationniste déjà en tension, la parité entre l’euro et le dollar complexifie encore les échanges commerciaux. La chute de l’euro face au dollar pénalise les industries françaises, contraintes d’importer à des tarifs plus élevés désormais. À l’inverse, les États-Unis sortent gagnants des contrats de livraison vers l’Europe. Face à un marché IT européen en difficulté, les entreprises américaines tirent leur épingle du jeu avec un pouvoir d’achat supérieur, mais également lorsqu’il s’agit de fournir des biens et services aux DSI européennes. Ces dernières souffrent déjà d’une pénurie de composants les obligeant à se fournir à des tarifs élevés, elles doivent désormais composer avec un euro affaibli, alors que plus de la moitié des importations se traitent en dollars. Certaines entreprises pourront néanmoins gagner des parts de marché grâce à une compétitivité accrue, favorisant les ventes de la zone euro vers la zone dollar.

Comment la chute de l’euro entraîne-t-elle des importations plus chères et une perte d’attractivité pour le marché IT européen ?

La parité euro-dollar est la conséquence directe de la dépréciation de l’euro face au dollar. Celle-ci provient de plusieurs facteurs mêlant conjoncture économique et géopolitique. L’inflation touche tous les pays et chacun d’eux y répond de la manière la plus appropriée en fonction de ses propres intérêts. 

Les États-Unis tentent de maîtriser la hausse des prix en ajustant les taux d’intérêt avec la Réserve fédérale (la FED). Les plans de relance conduits par la politique budgétaire de Joe Biden ont eu pour effet la hausse des salaires, mais aussi la hausse des prix. De son côté, la Banque centrale européenne (BCE) a dû relever ses taux directeurs, mais dans une moindre mesure, créant ainsi un déséquilibre entre les devises. 

La guerre en Ukraine joue bien évidemment un rôle de catalyseur dans cette inflation mondiale. Le conflit a engendré la hausse des matières premières telles que le gaz ou le pétrole en provenance de Russie, occasionnant de la même manière une crise énergétique d’ampleur pour ses voisins européens. Ceux-ci se voient contraints de dépenser plus pour produire une quantité identique sans forcément pouvoir répercuter cette hausse sur le produit final.

L’Allemagne, véritable moteur de l’Europe, voit ses industries fortement impactées par les problèmes d’approvisionnement en gaz et pétrole. Confrontée à une importation d’énergie massive et plus chère, l’Allemagne souhaite appliquer une politique d’austérité afin de limiter les déficits. Elle en attend autant des autres pays surendettés. Une éventuelle crise des dettes souveraines reste envisageable dans la zone euro, entretenant ainsi une défiance envers la monnaie unique, alors que le dollar apparaît comme une valeur refuge.

Les transactions en importation d’Asie augmentent et sont, pour la plupart, libellées en dollars. Le coût du fret maritime suit la même courbe de progression et grève encore un peu plus les budgets déjà durement touchés.

Avec une monnaie affaiblie, la zone euro est considérée comme instable. Ce constat est à double tranchant, car d’un côté cela n’encourage pas les investisseurs, mais d’un autre côté cela peut favoriser une implantation grâce à des conditions favorables. Le problème reste qu’une dépréciation de la monnaie envoie une image de faiblesse de la zone euro. Ceci impacte négativement les marchés, notamment celui de l’IT, car l’Europe est trop dépendante de ses importations de composants et de matières premières en général.

Comment limiter l’impact de la chute de l’euro pour les entreprises IT européennes ?

La Banque centrale européenne ne se décide pas à appliquer un ciblage du taux de change ni même à engager une politique dédiée à la croissance économique. Elle essaie de juguler la baisse de l’euro, mais son but reste de stabiliser la monnaie européenne face aux autres devises mondiales, notamment le dollar américain. Depuis l’été 2022, de nouvelles mesures ont été prises en matière de politique monétaire, et la BCE estime le taux d’inflation à environ 6,8 % en 2022, 3,5 % en 2023 puis 2,1 % en 2024.

La FED a donné le ton en augmentant ses taux directeurs, mais la BCE pratique aussi la hausse de taux dans le but de contrebalancer ceux de la FED. Les entreprises IT européennes profitent de cet effet bouclier quand les prix de l’énergie sont régulés ou lorsque l’État pallie le chômage technique.

Les entreprises qui facturent en euros apparaissent plus compétitives aux yeux des Américains puisqu’ils sortent gagnants de la transaction. De même que les entreprises qui font ou ont fait des stocks s’en sortent mieux. Ce dernier point paraît plus difficile à mettre en œuvre dans la mesure où la pénurie de composants affecte particulièrement les entreprises de l’IT, il est donc compliqué d’avoir des réserves.

Quelles conséquences pour le marché IT européen et quelles mesures peuvent être mises en place ?

Les petites entreprises et les grands groupes ne seront pas impactés de façon égale par cette parité avec le dollar. La baisse de l’euro se répercute différemment selon la taille, mais aussi selon la dépendance au commerce extérieur. Il est clair que les entreprises IT souffrent plus en raison de leurs importations d’Asie, libellées en dollars.

Les grands groupes peuvent se prémunir des effets de la dévaluation de l’euro grâce à une couverture du risque de change. Ce type de protection protège la marge bénéficiaire en limitant l’impact d’un euro faible et accompagne généralement une reprise économique lorsqu’elle se présente. Les entreprises qui importent en dollars ont tout intérêt à s’engager dans ce genre de démarche. La stratégie de couverture va être encore plus décisive en 2023.

Les autres mesures consistent à négocier les contrats de fournitures et optimiser le sourcing. S’approvisionner au plus près de la zone de consommation jouera en faveur des budgets en plus de paraître plus écologiquement vertueux.